Septieme sur la liste

Le Japon est entré dans ma vie par le hasard des affectations du Service National en coopération. Tokyo, 1998,  Service Culturel de l’Ambassade de France : l’Année de la France au Japon,  le sentiment exaltant d’être au cœur des choses, une année d’apprentissage s’il en fut ! Puis, après une boucle de quelques années consacrées à ma thèse de littérature française et à mes premiers pas dans le métier d’enseignant (français, latin, grec), en région parisienne, un second hasard, prenant dès lors le visage du destin, m’a fait revenir à Kyoto en 2005.

Un destin façonné par la richesse intellectuelle et humaine des rencontres de ces quinze années : les étudiants qui sont passés dans mes cours de plusieurs universités du Kansaï (en particulier Kyodaï, où j’ai été dix ans en poste, et Handaï, où je suis actuellement Professeur associé) ; les collègues japonais et français que je côtoie au sein des sociétés savantes franco-japonaises, chercheurs, traducteurs, impressionnants par leur érudition et leur pénétration de toutes les finesses de notre culture ; les amis, notamment du LFIK, où ma fille aînée est scolarisée. Et par-dessus tout, mon épouse et ma famille japonaises.

Ce que le Japon m’a appris d’essentiel tient dans cette idée : on se voit mieux, on s’aime mieux – soi-même, son pays, sa culture, sa langue –  à travers le regard des autres, de ceux qui ont fait le choix – et nous font l’honneur – de s’intéresser à nous. Le constat s’enracine dans une longue tradition humaniste. Revivifié par l’expérience concrète de l’expatriation, il définit mes convictions politiques, que je suis heureux de porter au côté de François Roussel, dont la probité, la compétence, et le souci des autres, au service de tous, forcent le respect bien au-delà de sa famille politique. 

Je suis heureux aussi d’inscrire cet engagement dans l’architecture politique que François a su bâtir. Cette large union des forces politiques de gauche et des écologistes est à mes yeux la seule voie pour faire renaître ce qui manque le plus cruellement à notre pays et à nos concitoyens : l’espoir. En ces temps qui mettent à rude épreuve nos sociétés démocratiques, les enjeux concrets de cette élection, pour la communauté française du Japon, ne sont pas dissociables de sa portée politique générale.

La pandémie que nous subissons alimente les tendances les plus délétères : le repli sur soi d’un côté, l’érosion des principes de solidarité et de cohésion collective de l’autre. Nous voyons ces tendances à l’œuvre dans la polarisation étouffante du débat politique entre les diverses composantes de la droite, celle que représente le gouvernement, celles qu’incarnent ses oppositions de droite et d’extrême droite. L’urgence, à laquelle nous voulons prendre notre part, est de faire vivre une alternative démocratique, écologiste, et sociale. 

Éric AVOCAT

Enseignant-chercheur à l’université d’Osaka, Secrétaire de Français du monde – adfe Japon de l’Ouest